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Vilaine fille
27 novembre 2010

à l' Inconnu (fin)

6930

            Sur son ordre, je me suis mise en position, sur un fin matelas posé sur le sol.
Quand les fines lanières en cuir du martinet ont glissé sur l’arrondi de mes fesses, j’ai tressailli comme sous une décharge électrique. Il y avait longtemps que je n’avais pas subi la moindre douleur physique. Léo me punissait sans jamais me faire mal. Dès que je geignais, il desserrait les cordes qui m’entravaient, ou il glissait un coussin sous mes genoux.                   
Le premier coup s’est abattu. Une caresse, à peine cuisante. Je me suis cambrée, tendue comme un fil d’archet. L’absence de douleur n’empêchait pas la peur, ni la conscience aigüe de ma vulnérabilité.  J’étais dénudée aux endroits les plus sensibles et les plus tendres,  et offerte à la volonté d’un homme totalement inconnu à qui Léo avait délégué ses pouvoirs, dans une limite que j’ignorais mais à laquelle je consentais d’avance, dans un fol abandon qui me donnait le vertige.
Les lanières m’ont cinglée une nouvelle fois. Moins timidement. En terminant leur virgule sur ma fesse par une sèche brûlure qui m’a fait grimacer. Outch.  Retour sur terre.  Tu chantais ? Eh bien, danse, maintenant.  Cette rose qui te fascine a des épines, tu l’avais oublié ? 
Nouvelle volée, dans la même diagonale. L’homme avait encore affermi son poignet, et je me suis mordu les lèvres pour étouffer un gémissement plaintif.
Mais j’ai tendu les bras, creusé les reins, durci les cuisses. Pas question de me dérober. Pas mon genre de ne pas relever un défi sans en connaitre l’enjeu ni le prix.
Il a compté vingt coups, enchaînant les derniers sans temps mort, droite-gauche, droite-gauche, m’immobilisant de force au centre de la danse des lanières, les fesses et les hanches éclaboussées de fines brûlures croisées, la peau comme brûlée par un grillage chauffé à blanc.
Sous mon bandeau, je voyais du Pollock, rouge, orange, violet, en grandes traînées qui illuminaient ma nuit. Plus de conscience, plus de questions. Rien que du sensationnel. Du qui pique, qui mord, qui embrase. Du présent en couleurs éclatantes.

            Quand il a arrêté, les couleurs et les brûlures tourbillonnaient encore en flux entremêlés, et mon sang fouetté irriguait chaque nervure, chaque parcelle de peau.
En quelques gestes, les pendules avaient été remises à l’heure. Un corps. Avant tout, c’est ce que j’étais. Avec des bras tendus, des genoux irrités par le sol, des seins, des fesses, des cuisses. Un sexe palpitant, comme cerné par les flammes qui l’avaient épargné, mais tout aussi brûlant. Un corps qui souffrait, qui mouillait, qui palpitait.
Un corps soumis au plaisir au point d’accepter de souffrir pour en avoir davantage.
Indomptée ? Tu parles ! Matée en vingt coups. 

Il y a eu un silence, seulement brouillé par ma respiration rapide.
L’épreuve était-elle terminée ? Avais-je gagné mon droit au plaisir ? Avais-je prouvé ma bonne volonté, avais-je payé pour mes fautes ? Je l’ignorais.
J’ai tressailli quand l’homme a posé sa main sur l’arrondi de mes fesses en feu. Mes muscles se sont contractés mais j’ai gardé ma position cambrée. Mon cœur pulsait jusque dans mon sexe. 

-    C’est bien…

Toujours cette douceur, ce calme, cette retenue. Cette froideur ?
J’avais envie de me retourner, de baiser doucement sa main en murmurant merci. Pour ce plaisir brute, sans discours, sans pourquoi ni parce que. Pour cette volée de feu tombée du ciel qui m’avait remise à la place où tout redevenait simple.

             Quand je me suis redressée, je vacillais un peu. C’est le bras de Léo qui m’a soutenue. J’ai porté la main à mon bandeau mais j’ai arrêté mon geste, me souvenant qu’il fallait sans doute une autorisation. Il y a eu un silence, comme si les deux hommes se consultaient, puis Léo m’a dit que si je le souhaitais,  je pouvais le retirer. J’ai hésité. J’ai pensé à mon maquillage ravagé, à la drôle de tête qu’il risquait de découvrir sous mon masque et, malgré la terrible envie qui me tenaillait de croiser son regard au moins une fois, j’ai finalement choisi de rester aveuglée jusqu’à ce que je sois revenue dans la voiture.
Peu importe, me disais-je, je connais son prénom, sa ville, un jour je le retrouverai pour le remercier des cuisantes et bienfaisantes  morsures de son martinet.
Je n’en doutais pas.
Le monde est tout petit pour ceux qui s/M.







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Commentaires
F
Elle prend bien dans son jeu d'audace
C
Pas plus déçu que chilina. Que vous soyez super-maso ou super-douillette, cela m'importe peu. Je ne cherche pas, sur un blog, la performance, la surenchère de perversité, mais la vérité des témoignages, la multiplicité des expériences.<br /> <br /> Alors, pas déçu, non, bien au contraire !
M
"un jour je le retrouverai pour le remercier des cuisantes et bienfaisantes morsures de son martinet." <br /> Alors pourquoi penser d'abord au maquillage ravagé?
C
Non, du tout déçue sauf peut être par vos regrets exprimés à FLOW ...Je crois que de temps en temps, nous devons oser
Vilaine fille
Vilaine fille

"...Fille folle, amante du vent... Boucle ton corset... Baisse bien la tête... Méfie-toi : Qui aime le vent engendre la tempête..."
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