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Vilaine fille
22 janvier 2014

Huis clos

 

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Le temps n'existe plus. C'est le présent absolu.
Juste Lui et moi dans cette histoire,
dans cette pièce.

Attendre, puisque c'est l'ordre.
Puisque je suis venue me constituer prisonnière en sachant que cette fois-ci, il exigerait des preuves.
Et réglerait nos comptes. 

J'avais dit oui à tout, bien sûr. Prête à assumer chacun de mes mots, chacun de mes actes passés. 
Deux nuits avec lui, ça ne se marchandait pas. Où est-ce qu'il faut que je signe ?
Oui, je prétendais toujours lui appartenir.
Oui, je comprenais qu'il puisse en douter et éprouver le besoin de s'en assurer.
Surtout avec une telle pute infidèle, oui.
Tout ce qu'il voudrait.
Qu'il me dise juste la date et l'heure.



Le verrou est fermé, les rideaux sont tirés, les sangles sont nouées.
Trop tard pour réfléchir aux conséquences. Penser ne sert plus à rien. C'est mon corps tout seul qui est là, nu, plié, cambré, entravé.
C'est lui qui est livré tout entier en gage de vérité.


Il repose son verre sur le plateau de la table.
    - Quelle différence, catin ?  Que leur avez-vous donné de moins ?
Tout. Rien n'était pareil. Rien n'était à eux. Ou juste un peu, juste pour de faux, juste pour une heure.
Juste pour L'oublier, Lui qui n'est jamais là.

La question est purement théorique, bien sûr. Puisque je suis bâillonnée et peux à peine émettre quelques sons de gorge.
Puisque j'avais aussi dit oui quand il m'avait demandé si j'avais bien conscience qu'il ne me serait plus possible d'user de mon safeword. J'avais même haussé les épaules. Pour qui me prenait-il ?  Une funambule qui triche en restant accrochée à son fil ?
Avais-je déjà reculé, m'étais-je déjà dérobée ?
N'avait-il pas gravé sa trace sur ma peau ?
Ne m'avait-il pas menée au bord du gouffre,
agenouillée dans une douche ? Avais-je cédé à la honte, à la peur ?


Il se lève. J'entends sa chaise racler le sol.
Juste Lui et moi, ici et maintenant. Les choses sont à leur place.
Je suis en fièvre mais en paix. Toute entière présente, sans zone d'ombre à dissimuler, sans pensées parasites. Sans me tenir au bord. 
Je suis à Lui. Je persiste et je signe. Qu'il me mettre à l'épreuve, s'il en a envie ou besoin. Et puis qu'on passe enfin à la suite, à faire hennir les chevaux du plaisir.


Pauvre folle. Présomptueuse, inconsciente. Qui croit connaître les hommes. Qui croit connaître cet homme.
Comme s'il pouvait se contenter de ce que tu lui as déjà donné,
de ce que d'autres ont déjà eu.
Comme s'il pouvait exiger autre chose que l'innenvisageable. L'impossible. L'au-delà de limites que tu n'avais même pas songé à fixer, tant elles concernaient des contrées qui t'étaient éloignées.
Comme s'il n'était pas hors de prix, ce collier dont tu es si fière et que tu jouis de porter.



Il s'approche, les gants claquent.
-Vous savez pourquoi je vous ai demandé d'apporter ce modèle-là ?
Il laisse passer quelques secondes, puis il actionne la petite pompe du flacon de lubrifiant.
- Parce qu'ils montent bien sur le poignet.

 

 

 

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Commentaires
V
super site,merci
V
Voilà qui commence fort bien, mais qui ne peut se terminer ainsi. Faudra-t-il lire la suite à la Musardine ?
V
Superbe, épuré, sensuel, j'adore
S
Quand vous dites "C'est mon corps tout seul qui est là, nu, plié, cambré, entravé.", je ne peux croire un instant que votre esprit est ailleurs. Je vois entre les lignes votre coeur et votre désir aussi. Votre corps n'est donc peut-être pas si seul même s'il est vulnérable, accessible, offert !
U
Un si beau huis clos... sensuel, émouvant, troublant....<br /> <br /> Merci
Vilaine fille
Vilaine fille

"...Fille folle, amante du vent... Boucle ton corset... Baisse bien la tête... Méfie-toi : Qui aime le vent engendre la tempête..."
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