Deux ans et treize jours
Chère Dame,
Je sais que les regrets ne servent à rien,
les "j'aurais dû...", les "si j'avais su..." font du mal sans faire de bien,
puisque le temps des possibles ne reviendra jamais.
Vous me tanceriez, sans doute, si je m'y laissais aller.
Alors je pense au soleil éclatant des Antilles, à cette route qui montait quand j'allais au village, et aux pauses que je faisais pour photographier toutes les fleurs que je croisais, pour vous les envoyer.
Je pense à la chaleur, que vous aimiez tant,et à la joie que vos messages me procuraient, à la façon dont cela transformait tout, de partager ce que je vivais avec vous. Les fleurs étaient plus belles, l'eau était plus bleue.
Je n'étais plus seule, ni insignifiante, puisque vous m'offriez votre regard, votre attention.
Je pense à vos rires, à vos colères, votre humour.
A votre force,
à vos fragilités si bien cachées.
A votre orgueil, qui vous corsetait et vous donnait ce port de Reine,
qui vous a tenue droite jusqu'à votre dernier souffle.
Never complain.
Plutôt mourir. Seule.
Vous me manquez. La vie sur terre est moins belle sans vous, moins drôle, moins intéressante. Moins excitante.
On est tous là, tous solitaires,
orphelin(s) de tes vacarmes...
Mais il faut tenir et avancer, pourtant. Et rester debout, le menton haut. Vous rendre hommage en refusant de céder au médiocre, au mauvais, à la peur du qu’en-dira-t-on.
Permettez-moi de citer votre si cher Montaigne.
« Si la vie n'est qu'un passage, sur ce passage au moins, semons des fleurs... »
Et de vous remercier, ma Dame, de m'avoir honorée de quelques graines folles, et de les avoir nourries de votre affection.
Vous avez semé d'innombrables et immortelles fleurs, dans de nombreux cœurs.
Les anges ont bien de la chance.
Je vous aime pour toujours.