Les donneurs de leçons m’énervent. Les règles,
Mais ce n’est rien à côté de ce que provoquent en moi ces mêmes défauts chez une personne qui s’affiche « non-conformiste ».
La dictature des gens « cools ».
Qui n’ont qu’une seule obsession, semble-t-il, la traque du « pas cool ».
Et qui établissent leur classement à la seconde, selon d’obscurs critères qui permettent, ou non, de trouver grâce à leurs yeux.
Ils se vantent d’être « hors-normes », ils condamnent l’intolérance dont ils sont l’objet, or la première chose qu’ils font c’est d’établir des normes (souvent beaucoup plus strictes) au sein de leur marginalité.
Les bikers, les ravers, les routards, les bios, quelques exemples, pour moi, de « rebelles » uniformisés et sectaires. …et je vais pouvoir rajouter « les SM » à ma liste.
Je m’étais dit, en découvrant cet univers, il y a quelques mois : Enfin !
Voici des gens « adultes », parvenus au sommet du respect des différences, qui ne jugent pas les gens selon leur âge, leur corpulence, ou leur origine sociale.
Assistant à diverses « séances », ou « cérémonies », en assemblée, je m’étais positivement étonnée de l’extrême considération qui entourait les soumises (hors des scènes SM proprement dites, biens sûr), de la civilité, et de la diversité des participants…
Et de la diversité des pratiques ! Il suffit d’ailleurs de parcourir les galeries d’un site spécialisé pour s’apercevoir qu’il y a mille façons de vivre «son» SM.
Bloggeuse depuis trois mois à peine, je me suis réjouie en découvrant de nombreux « adeptes » SM, qui alimentaient souvent de façon drôle ou/et intelligente ma réflexion personnelle.
Mais je déchante.
Ici comme ailleurs certains « esprits libres » passent leur temps à critiquer et à juger le comportement du voisin, à dénoncer des manquements aux règles ( ?!) et à émettre des sentences sans appel.
Et ça m’éneeeeeerve !
Bon, j’avais déjà remarqué l’existence d’un vocabulaire, et d’une typographie « conventionnelle ». Les majuscules, les minuscules, être sub, être swich, ou vanille, attention ça rigole pas. Gare au pauvre internaute qui ose s’adresser à une « puriste » sans respecter les règles. Il sera ignoré ou méprise, ou même raillé en public sans pitié !
Mais certains mots, certaines expressions sont aussi à proscrire, au risque de passer pour la dernière des ploucs, ou pire, pour une traître à la cause !
Voici ce qu’on peut lire sur un blog que j’aime plutôt bien, d’une fille qui écrit bien mais qui énonce, parfois, des opinions qui me font bondir.
Extrait : « Les femmes qui acceptent de se voir signifier ce type de CDD et qui s’en parent comme d’un titre de gloire, me gênent !
J’aimerais savoir comment les choses se déroulent. Est-ce le bonhomme qui prononce solennellement la fameuse phrase : « Je te (vous) prends à l’essai. »
Est-ce qu’il n’y a que le sous-entendu de cet essai et la femme qui pousse le masochisme intellectuel jusqu’à s’abaisser en la formulant ainsi ? »
Et, plus loin :
« Comment peut-on en arriver à ( …)Accepter de se laisser « essayer » comme un objet ?
Mais ne voient-elles donc pas que c’est toute la notion même de « soumission » qu’elles dévalorisent ainsi ?
Et le choix là-dedans, le respect, le partage ?
Et le désir, la violence du désir qui balaye tout sur son passage ?»
Ces mots sont méprisants, j’ai l’impression de les entendre chuchotés derrière une persienne, en regardant passer une de ces « pauvres filles », maso au point de rencontrer un homme en sachant à l’avance que l’avenir de leur relation n’est pas assuré !
Vaudrait-il mieux qu’il annonce : « contrat à vie et tatouage aux armoiries du maître dès la première séance » ? Et est-ce que ça ne fait pas partie du « rôle » du soumis, de ne pas être assuré de l’attachement de son dominateur, de savoir que l’on peut être déchu du jour au lendemain ?
Qui ignore encore l’évidente « interdépendance » qu’ il existe en eux deux, et qu’un dominateur doit tout autant « convaincre » la candidate soumise que le contraire ?
La fille dont il était question dans l’annonce, personne ne l’a forcée, elle a choisi elle aussi « d’essayer » ce maître là, même si ce n’est pas dit (pour préserver « l’honneur » du dominant)
Tant mieux si le désir « balaye tout sur son passage », tant mieux si une passion est à la source ou est née d’une relation SM, mais il existe aussi des histoires plus simples, moins emberlificotées, où le désir est « brut » justement, sans fioritures.
Il me semble entendre « Oh, Charles-Edouard, mais comment font ces gens pour ne pas consommer de champagne à tous les repas ! Comment peut-on se contenter de « « « « ça » » » » ??? ( Je ne sais pas, Anne-Marguerite, mais auriez-vous l’obligeance, très chère, de vous tourner et d’écarter vos fesses pour que je vous enculasse ?)
J’ai l’impression d’un « ordre moral » aux aguets, cherchant à classer les « bons » et les « mauvais » soumis, les « vrais » et les « faux » dominateurs.
C’est tendance d’être SM, ça fait bien d’afficher « bdsm » sur son blog, mais en précisant bien qu’on ne fait pas partie de « ce gens-là », qu’on est une « sub » ou une « Domina » de haute classe, pas une de ces vulgèèères âmes errantes, seule derrière son écran d’ordinateur, prête à s’agenouiller devant le premier venu !
-Oh oui, dévalorisez-moi encore...
(dessin Pichard)