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Vilaine fille
28 mars 2006

partie perdante

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J’allais partir. Bottes, collants épais, jupe et gros pull, j’étais prête à affronter le petit matin glacial.

Je suis allée l’embrasser. Il était assis dans le lit, souriant et tout chaud, en train de boire le café que je lui avais apporté. Son baiser avait un délicieux goût d’arabica. D’un geste caressant, il a glissé sa main sous ma jupe. Je me suis redressée avant que ça n’empire.

-         Je dois partir, je vais être en retard.

Il me fixait d’un air bizarre.

-         Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? J’ai une tâche sur le front ?

Calmement, il a posé son bol sur la table de chevet. Il a pris son couteau, un long canif effilé qui ne le quitte jamais. Il l’a déplié.

-         Soulève ta jupe.

-         Pourquoi ?

Il a fermé les yeux puis a longuement inspiré, puis expiré, comme s’il cherchait à rester calme. Je me suis empressée de soulever ma jupe.

-         Voilà, voilà, ne nous énervons pas. Monsieur est content ?

Y a des fois, comme ça, où je ne peux pas m’en empêcher. Les mots sortent tout seuls.

Il m’a fixée sans rien dire, puis il a tapoté le bord du lit.

-         Pose un pied ici.

J’ai soupiré mais j’ai obéi. Mes fanfaronnades ne trompent que moi.

Il a approché la pointe de son canif et toute arrogance m’a quittée.  Levant les yeux, il a eu un petit sourire en découvrant mon visage pâli.

-         Tu disais ? Tu demandais si Monsieur était content, c’est ça ? Et bien non, Monsieur n’est pas content. Et tu sais pourquoi, n’est-ce pas ?

C’était un vieux combat entre nous. Que je gagnais par ruse ou par abandon de l’adversaire neuf fois sur dix. Mais j’étais apparemment parvenue à la partie perdante.

J’ai baissé la tête d’un air penaud.

-         Il fait si froid…

Son sourire s’est élargi.

-         Arrête, tu vas me faire pleurer.

Très lentement, il a effleuré la couture centrale du collant avec la pointe de la lame.

-         Il y a encore quelque chose en dessous ? Une culotte en laine ? Une gaine chauffante ?

-         Non, rien. C’est…c’est un slip intégré.

Il a hoché la tête.

-         De mieux en mieux. On n’arrête pas le progrès.

Reprenant son sérieux, il m’a fixée en silence et je n’étais pas fière. Prise en flagrant délit.

            - Pardon, ai-je tenté d’une voix la plus humble et contrite possible.

Sans me répondre, il a pincé la couture du collant et l’a tirée vers le bas, éloignant l’armure de maille de la partie la plus tendre et fragile de mon anatomie.

-         Surtout, ne bouge plus.

D’un geste sûr, suivant la couture centrale, il a entaillé le collant sur une bonne vingtaine de centimètres.

-         Et voilà. Tu peux y aller maintenant.

J’ai baissé ma jupe. Quand je me suis penchée pour l’embrasser,  il a soulevé mon menton avec son doigt, m’obligeant à le regarder.

-         Tu ne t’arrêtes pas à Monoprix acheter un autre collant, n’est-ce pas ?

C’était précisément mon intention mais j’ai ouvert de grands yeux surpris.

-         Bien sûr que non !

-         Je ne travaille pas aujourd’hui, je passerai te voir dans la journée.  Inutile de te dire que je vérifierai.

J’ai avalé ma salive. Cette fois j’étais coincée. Et une sorte de paix a allégé mon cœur.

L’assurance que décidément, non, je ne m’étais pas trompée. J’avais trouvé mon Maître.

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Commentaires
M
J'aime beaucoup cette histoire avec ces petits détails qui font tout le jeu de la "bataille" dans la complicité.
V
j'adore me faire gronder ainsi :-)
L
C'est vrai ça : un peu de tenue que diable !
Vilaine fille
Vilaine fille

"...Fille folle, amante du vent... Boucle ton corset... Baisse bien la tête... Méfie-toi : Qui aime le vent engendre la tempête..."
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