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Vilaine fille
4 juin 2006

La mule du pape (*)

g.lemaire6


Je vous ai déjà parlé de Jeune Loup ?
Oui, sans doute, mais vous ne le saviez pas (niark niark niark)
Un jour, promis, vers octobre, vous le connaîtrez mieux.

Il m'a appelée hier. Grâce aux miracles du téléphone arabe, il a
appris mon retour. Il espère me revoir. Ca lui fait teeeeellement
plaisir de m'entendre.
    - Et toi, tu vas bien ? Ton boulot aussi ?
Je l'ai tutoyé, bien sûr. En constatant sans joie qu'il ne m'était plus
grand chose. Même pas un copain.

Et pourtant... Oh bordel ce que j'ai pu l'aimer et l'admirer.
Mais c'est cassé.
Le respect.

Un jour, j'avais quelques soucis familiaux, il a posé sa cravache, a
entouré mes épaules de son bras, et il m'a offert son amitié.
Les grandes phrases. Le mec solide, généreux, qui ne pense pas
qu'à ton cul.
Et puis, des semaines plus tard, j'avais justement besoin d'un ami.
Et il s'est défilé.

Oh, je lui ai pas demandé du fric, ne vous imaginez rien de tel, ni même
de m'héberger ou de me prêter sa voiture, non, j'avais juste besoin de lui.
De son sourire. De sa voix si grave et si calme qui sait apaiser les pires peurs.
Juste qu'il me dise t'en fais pas, ça va aller, courage, ça va s'arranger. Cette
tempête que je traversais, je ne pouvais pas en parler aux gens qui m'étaient
trop proches, ni à ma famille, il n'y avait que lui qui aurait pu m'écouter.

Ce fut la seule fois où, après avoir tenté par tous les moyens de le joindre,
en vain, j'ai composé sur mon téléphone les lettres de notre
"mot de sécurité", que nous avions défini lors de notre première
rencontre deux ans plus tôt, et que je n'avais jamais employé.
Me disant là, il va forcément comprendre.
On ne joue plus.
S.O.S.
Humain appelle humain.


.......biiiiiiiiiip............biiiiiiiiiiiiiiip...........biiiiiiiiiiiip.........

Et moi, pauvre gourde, qui m'imaginait qu'il était mort. Ben oui,
c'était sûr, il avait eu un accident, ou alors ses parents,
oh mon dieu le pauvre, ou alors il y a eu un tremblement de terre
dans sa rue qui avait englouti sa maison et il était en train d'agoniser
sous les gravas !
Je ne POUVAIS pas croire une seule seconde que c'était de son plein gré
qu'il ne répondait pas.
Les jours ont passé, le silence persistait, j'en oublais presque mes
soucis pour m'en faire pour lui !
Dans la relation SM, ou même amoureuse, je peux concevoir qu'on reste
muet à des appels au secours...mais dans l'amitié ?! Je ne lui avais rien
demandé, moi. Qui est capable de s'engager sur un tel terrain à la légère ?
Lui, oui.

Il a finie par me faire signe. D'un laconique texto : "Coucou ça va ?"
Moi, bouleversée, tremblante, le coeur battant, encore dans mes
cauchemars d'accidents ou de drame, l'imaginant à l'hôpital en
réanimation, ayant supplié qu'on lui apporte son téléphone, pour tapoter
ces quelques mots du bout de son doigt, usant ses quelques forces pour
me rassurer (oui je sais je suis grave atteinte naïve limite blonde) :
"ben...et Vous ?"
Lui, guilleret : " Pleine forme. On se voit demain ? ;-)"
(traduction : "La nana que j'ai sauté pendant quinze jours commence à me
lasser. Rien ne vaut une soumise bien chaude et pas trop chiante. Tiens, si
on appelait vf ?")

J'en suis restée comme deux ronds de flans. (quelle drôle d'expression...et
d'ailleurs c'est "flans"(comme Flanby) ou "flancs"(comme cheval) ? kilecé ?)


Ce n'est pas tellement son attitude qui me sidérait, c'était ma consternante
aptitude à me tromper sur les gens. A les croire dès qu'ils me débitaient
trois sornettes bien tournées. A mettre du romanesque et des grands
sentiments partout. A croire encore que certains mots sont importants, et
que certaines promesses ne se trahissent pas.

Au bout d'un moment, il s'est étonné de mon absence de réponse à son
alléchante proposition (vous aviez noté le smiley ;-) salace n'est-ce pas), et
un nouveau texto est arrivé :
" Tu fais la gueule ?"
Non connard je vernis mes doigts de pieds.
No soucaï. C'est pas de ta faute. C'est juste moi qui n'ai sans doute pas
lu assez de romans Harlequin où c'est bien expliqué à quel point les hommes
sont traîtres et salauds, surtout les très beaux qui paraissent très gentils.

"Non tout est OK. Mais demain c'est impossible."
"Dommage :-( "
" Oui, comme tu dis."

Et vlan, prends-toi ça. Et j'appuis vite sur le bouton qui éteint le
téléphone. Et je me mets dans sa housse. Et je le cache en haut du placard.
Et je file au fond du jardin  pour m'en éloigner le plus possible.
Tout était dit.
Le tu était dit. 
Et, comme quand parfois il avait pu me faire sentir sa colère en me vouvoyant
et m'appelant "Madame", j'espérais qu'il avait compris que le "tu" que je lui
avais balancé n'avait rien de complice ni d'affectueux.
J'en avais les larmes aux yeux.
Je savais que je ne pourrai jamais plus le vouvoyer. Ni me sentir en totale
confiance face à lui. Ne plus jamais ramper devant lui sans me salir.

C'était juste un homme. Charmant, gentil quand même, avec des bonnes idées
politiques, de l'humour parfois, sans doute pas pire que des milliers d'autres.

Mais ce n'était plus mon Maître.

L'alchimie merveilleuse qui unit parfois deux personnes dans une relation
consentie de Maître à esclave n'est pas possible sans respect.
Ou alors c'est de la comédie. Ou d'autres vices, dans les registres de Portier
de Nuit ou des purs sadiques ou masos, où je ne m'aventurerais pas.

Moi ce qui électrise mon échine, du coccyx au cervelet, c'est de regarder
vers le haut, comme sur cette photo.
Vers une belle personne.
Digne de confiance.



Jeune Loup, je te souhaite un bel été.



*
(photo Guy Lemaire)

(*) pour ceux qui ne connaissent pas
ce conte d'Alphonse Daudet
c'est  ICI  )

 

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Commentaires
V
< Jean : joli doublé :-)<br /> <br /> < Denis : On ne vantera jamais assez l'efficacité des signaux de fumée... Rien que pour fêter ça j'en allume une petite ;-)<br /> <br /> <br /> < ma Dame : J'apprends, j'apprends...à coups de canif au coeur parfois, mais ce sont peut-être les leçons qui "s'impriment" le mieux ?<br /> <br /> <br /> < Lara : Seulement si la cave est bonne.<br /> (c'est une image hein je ne parle pas de son actuelle fiancée:)
D
Prenez garde au mot "amitié" Vilaine Fille....
D
je me souviens qu'à cette époque, du haut de la Tour Magne, un mauvais garçon aperçut lui aussi une fumée.<br /> Sans nul doute un signe du destin.<br /> le malheur des uns peut il faire le bonheur des autres?
J
Pourtant Je pensais que mon commentaire était en accord avec le texte de Daudet et sa mule rimant bien avec baudet, quant au reste je ne cherchais pas à faire sortir le loup du bois. <br /> Mais je suis capable de m'échapper du texte aussi, car cette mule et ses durs sabots me font penser aux pantoufles de vair de cette évanescente Cendrillon, mais ça c'est une autre histoire.<br /> Est-il bientôt Minuit, Docteur Schweitzer?<br /> Alors cette fois-ci j'admets être complètement à côté de la plaque bien que ce cher Docteur était un grand défenseur des animaux.<br /> C'est ce qui s'appelle chercher à retomber sur ses pattes.
J
Pourtant Je pensais que mon commentaire était en accord avec le texte de Daudet et sa mule rimant bien avec baudet, quant au reste je ne cherchais pas à faire sortir le loup du bois. <br /> Mais je suis capable de m'échapper du texte aussi, car cette mule et ses durs sabots me font penser aux pantoufles de vair de cette évanescente Cendrillon, mais ça c'est une autre histoire.<br /> Est-il bientôt Minuit, Docteur Schweitzer?<br /> Alors cette fois-ci j'admets être complètement à côté de la plaque bien que ce cher Docteur était un grand défenseur des animaux.<br /> C'est ce qui s'appelle chercher à retomber sur ses pattes.
Vilaine fille
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"...Fille folle, amante du vent... Boucle ton corset... Baisse bien la tête... Méfie-toi : Qui aime le vent engendre la tempête..."
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