Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Vilaine fille
25 septembre 2006

et si on était né de l'autre côté des barbelés ?

Luc_Ballong

Le destin, ce n’est pas une affaire de visa ou de couleur de passeport. Aucun fonctionnaire n’a jamais pu empêcher le destin d’un homme de se réaliser. Le voudrait-il qu’il ne le pourrait même pas. La chose est traitée en haut lieu. Rien ne peut arrêter un homme dont le destin est vraiment d’immigrer en France. Même sans visa, il y arrivera. J’en suis persuadé. C’est ça que ne comprennent pas les spécialistes occidentaux de la lutte contre l’immigration clandestine. Immigrer pour nous, les désespérés de la Terre, ce n’est pas la même chose qu’aller en vacances avec un bob sur la tête et un appareil photo numérique autour du cou. C’est une question de survie. En immigrant, j’accomplirai donc une des fonctions vitales qui font de moi un homme. Si cela dérange quelqu’un, je m’excuse d’exister et d’avoir envie de continuer à vivre.

depardon

 Vous me refusez le visa ? C’est très bien. Je ne vais pas vous supplier. Rendez-vous à Paris. On verra bien qui est qui. Même s’il faut que je me transforme en oiseau, j’y arriverai. Après tout, il n’y a pas que l’avion comme moyen de transport. Ils me font doucement rire. S’ils pensent qu’ils m’ont découragé, ils se foutent le doigt dans l’œil. Je suis plus motivé que jamais. Ma nouvelle stratégie est la suivante : je vais voyager en bateau. J’habite une ville côtière, il serait enfin temps que ce me serve, à quelque chose malheur est bon. Direction le port. Il me suffira de soudoyer un capitaine pour me fondre dans sa cargaison. Si le voyage dure un mois en bateau, au lieu d’un jour en avion, il n’en sera que meilleur. Je n’ai jamais pris le bateau, je découvrirai enfin si j’ai le mal de mer ou non. Mes chers amis de l’ambassade de France, vous m’offrez une opportunité unique. Je ne vous remercierai jamais assez, bande de bâtards !

040514

Tout à commencé aux larges des côtes du Royaume chérifien sous un agréable soleil d’été, après avoir quitté mon pays, Hélène et nos deux enfants. Nous étions seize à traverser la Méditerranée en pirogue. Sept de mes compagnons de fortune n’ont pas vu la terre ferme. Le filtre à café arabica s’est refermé sur eux. Je me souviens particulièrement d’un Camerounais d’une trentaine d’années. Il était fort sympathique et de loin le plus robuste d’entre nous. A chaque marée haute, il nous remontait le moral en chantant des airs de chez lui. Une vague de la taille d’un immeuble de quatre étages l’a englouti sous nos yeux. Nous ne connaissions même pas son prénom. Pourtant, j’entends encore son rire puissant. Il y a des choses qui ne s’expliquent pas. On pourra me torturer s’il le faut, mais dans cette vie, je ne remonterai jamais plus sur un bateau, même pas pour une croisière cinq étoiles avec Charles Aznavour en guest-star ; encore moins pour une simple virée en bateau-mouche. Il y en a beaucoup à Paris, où j’habite maintenant. Si on peut dire habiter…

   

Publicité
Publicité
Commentaires
J
je crois que tout ceux qui ont écrit un com précédement ont tout dit. je ne peux que me rallier à ce qu'ils ont mis. <br /> Ces peuples que l'on a voulu "éduquer" et cela dans tout les sens du terme, sont au bord d'une asphyxie terrible, celle qui les opprime dans leur propre pays, de par la faim, le manque de travail, les guerres, les dictatures, et quand tout ça se mélange, quelle autre alternative leur restent ils afin de pouvoir survivre? La fuite, et qu'est ce que l'on a toujours appris depuis cette fameuse déclaration des droits de l'homme? Que la France était la terre d'asile qui fut la plus accueillante.. j'ai employé le passé, car il suffit de voir ce qui se passe maintenant chez nous, pour ne plus pouvoir utiliser le présent.Et pourtant c'est chez nous qu'ils viennent, car la France a une image ancestrale qui ne peut s'effacer ( pour le moment ), et bien qu'ils y soient traités souvent comme des moins que rien, ils sont toujours mieux que chez eux dans leur pays. Alors c'est vrai que lorsqu'une barque est balayée par la mer, lorsqu'un clandestin meurt de froid dans le train d'atterrissage d'un avion, on se dit que peut être, on a vraiment raté quelque chose, lorsque l'on a colonisé leurs pays. Mais nous ne sommes pas les seuls responsables, la corruption et la bêtise de leurs pseudos présidents au sein de leurs propres nations ont fait ce qu'est l'Afrique, en tout cas, en partie, même si nos intérêts économiques sur ce continent ont aidés également à ne pas ce qu'elle soit un des plus grand continent du monde.
S
Aux peuples migrants ces vers de Cendras extraits de "Paques à New-York".<br /> "Ce sont des bêtes de somme qui sautent les méridiens<br /> On leur jète de la viande noire comme à des chiens <br /> C'est leur bonheur à eux que cette sale pitance <br /> Seigneur ayez pitié des peuples en souffrance"<br /> Je relis ces vers anciens comme une neuve antienne. Quand ces barques chargées de l'espérance des hommes et de leurs vies chavirent, mon coeur sombre avec eux. La guerre n'est pas celle menée contre l'Islam. C'est une guerre de quelques hommes riches contre le restant de l'humanité, celle-là n'est pas prête de se terminer. Ils nous guident sans vision vers un monde d'aveugles où seuls s'entendent les cris des enfants affamés. <br /> Et gageons que ces quelques propos n'engendreront pas la mélancolie, comme on l'écrit dans les JT. <br /> Merci de votre Blog que je lis souvent. <br /> Sophie.
C
Vilaine fille > Notre abondance vient en grande partie de nos pillages de ces pays sous ses diverses formes coloniales ou néocoloniales..<br /> <br /> http://www.survie-france.org/article.php3?id_article=403
V
<<< Tepsik : "L'abondance est dans le partage"...quand le comprendrons-nous enfin ?<br /> <br /> <br /> <<< Jean : Oui, ce n'était pas une bonne nouvelle, le résultat de ce vote...Comme vous dites, il y a du boulot.
J
Dans un monde où le commerce réclame l’abaissement complet des barrières douanières, les hommes sont moins bien considérés que les matières premières puisqu’on leur interdit tous déplacements. <br /> Le libre-échange concerne seulement les choses. <br /> Veut-on faire regretter le temps de l’esclavage à ces candidats à l’exil, car en devenant soit disant libres, ils ont perdu aux yeux des capitalistes jusqu’à leur valeur de marchandise ?<br /> <br /> Propos désabusés d’un helvète indigné par ses compatriotes qui viennent d’accepter, hier dimanche, des lois durcissant encore plus les conditions de l’accueil des réfugiés et des étrangers dans un pays qui se vante pourtant d’être le berceau de la Croix-rouge et la base du UNHCR.<br /> Si les droits de l’Homme ne sont plus à inventer, il reste à les appliquer.<br /> Il y a du boulot, n’est-ce pas Messieurs Sarkozy et Blocher !
Vilaine fille
Vilaine fille

"...Fille folle, amante du vent... Boucle ton corset... Baisse bien la tête... Méfie-toi : Qui aime le vent engendre la tempête..."
Voir le profil de vilaine fille sur le portail Canalblog

Publicité
Newsletter
Publicité