le concerto de l'aube

Léo est parti bosser tôt, ce matin-là. Je me suis recouchée avec un bol de thé, un bouquin, le chat roulé en boule au pied du lit. Dehors c’était le concerto de l’aube, les oiseaux semblaient heureux. Eux.J’ai soupiré en refermant le livre et en étendant les jambes vers la chaleur du chat.

Putain, de quoi tu te plains ? Madame la Princesse au Petit Pois, qui a toujours un pet de travers. C’est quoi ces larmes, cette gorge serrée, ce regard perdu vers la fenêtre ouverte ? Tu crois que Batman va arriver pour t’enlever et te sauver ? Tu crois que le bon Dieu va t’envoyer l’Ange Gabriel pour te dire quoi faire de ta vie ? Tu crois qu’Il n’a pas mieux à faire que de s’occuper de ton cas ? N’es-tu pas au chaud et en sécurité, n’es-tu pas aimée ? N’es-tu pas libre ? N’es-tu pas capable de t’en sortir toute seule de ce puits de tristesse bordel de punaise de bon sang de bois ?

Ta gueule. Tu sais bien que non. Sinon je l’aurais fait depuis longtemps. Je ne serais pas là à essayer de me souvenir de ce qu’est la joie.

Et pourtant…t’as pas trop le choix, ma cocotte. La solution est en toi. Pas dans les feuilles de cet arbre que tu fixes en léchant instinctivement l’eau salée qui coule jusqu’à la commissure de tes lèvres. Pas entre les bras de Léo qui te protègent de tout. Pas dans les livres des autres ni dans tes romances où tu ronronnes en te caressant l’imaginaire. Pas dans les étoiles qui te prédisent que tout va s’arranger avant l’été. Pas dans la bouche ni sous la plume de X ou Y qui a bien assez à faire avec ses propres problèmes. Et puis d’ailleurs, les conseils, tu ne les écoutes pas.Et les ordres, n’en parlons même pas.  Alors débrouille-toi toute seule. Comme tout le monde, qu’est-ce que tu crois ? Chacun son jeu, chacun ses croix, chacun son chemin. Chacun sa part de désespoir.

Alors ne te plains pas et touche du bois. Rien d’irrémédiable dans tes soucis à toi. Ni maladie ni mort. Ammdoulila.

Arrête ton char, Caliméro. Tu es en vie. Met-toi au boulot. Brique par brique, mot par mot, hisse-toi hors de ce putain de puits.

Et chante avec les oiseaux courageux. Eux.

*

Toulouse-Lautrec

"Seule"

Comments

[vilaine fille]

Je me suis dit... Il faut lui écrire, la remercier, lui dire à quel point ses mots m’ont fait du bien.

Pardon de ne pas l’avoir fait plus tôt.

[Elle]

Je me suis dit ... Ah quelle vilaine, vilaine , ces mots là j'eusse pu les écrire ... Et combien de fois j'ai souri de cette sororité rassurante...
Oui, bon il y a beaucoup de "r" sans doute parce que je ronronne .... quiétude d'une solitude estompée :)